Les gelées du grand Nord…
Depuis tout le temps, l’Homme et l’animal ont su extraire de la forêt l’essentiel. Et parmi ces substantifiques moelles, il y a les gelées et les sirops des arbres de nos forêts !
Par exemple, nos gelées de cèdre et de sapin sont recueillies toute l’année et plus particulièrement en mai dans les Laurentides. Notre sirop de bouleau est la « première pression » d’avril autour du Lac Saint Jean et près de Madawaska au Nouveau Brunswick. Ces produits on ne peut plus naturels regorgent tout simplement de composants bénéfiques pour notre santé. Pour nos amis anglophones : balsam et cedar jellies, birch syrup.
Le sirop de bouleau
« La tempête avait fait rage toute la nuit. Des vents violents, de la pluie et encore de la neige. Mais rien n’y faisait, l’hiver agonisait et le soleil printanier fit son apparition dès l’aube, réchauffant les toits d’où montaient des volutes de vapeur. Á travers la fenêtre, les mésanges effectuaient déjà leur va-et-vient éternel entre les mangeoires et leurs caches de nourritures dans les grandes épinettes. Beau temps, mauvais temps, la vie continuait. Aussitôt le petit déjeuner terminé, j’endossai mon manteau, coffrai mon grand chapeau et sortis. Je voulais voir de plus près les dégâts dans le boisé derrière chez moi car j’avais entendu craquer les arbres durant la nuit. Á l’entrée de la petite route forestière, un grand peuplier baumier avait subi un premier assaut du vent. Comme le font souvent ces arbres cassants, le gros tronc restait debout jusqu’à une hauteur d’environ huit mètres mais les grosses branches et la cime étaient tombés et barraient la route. Je contournai le peuplier et pénétrai dans le boisé. Les signes de la tempête étaient néanmoins visibles partout. Sur le sol, je trouvai un bout de branche avec un nid, probablement celui d’une paruline… Je m’assis sur un tronc d’arbre pour profiter du soleil. Ici aussi, le vent avait brisé des branches. Juste au-dessus de moi une très grosse branche s’était cassée mais restait accrochée à l’arbre … Des gouttes tombaient du bout de la branche … et formaient presque un filet. C’était une belle montée de sève ! J’avais entendu dire que les bouleaux coulaient au printemps. C’était ma première expérience avec ce phénomène et je résolus d’en apprendre plus. »
A suivre dans « Les plantes sauvages – récits et recettes » de Gérald LE GAL – GOURMET SAUVAGE