L’histoire du sirop d’érable remonte bien loin avant l’arrivée des premiers colons dans les Amériques.
” Il y a bien longtemps par une matinée d’hiver, froide et cinglante comme on en trouve qu’au Canada, un chef guerrier Iroquois nommé Woksis décida d’aller chasser. Comme à son habitude, il alla récupérer son tomahawk qu’il avait planté la veille au soir dans un érable, proche de sa hutte. Il ne fit cependant pas attention à la profonde entaille qu’il avait faite dans l’écorce de l’arbre et du liquide qui semblait s’en écouler… Un récipient en écorce de bouleau était posé au pied de l’érable. Goutte à goutte, la sève qui ressemblait à de l’eau s’écoula de l’entaille faite dans le tronc de l’érable et remplit le récipient. Le lendemain, la femme de Woksis remarqua que le récipient était plein. Pensant que la sève incolore était de l’eau, elle s’en servit pour faire un ragoût de gibier.
Le soir venu, au souper, Woksis sourit et dit à sa femme: “Ce ragoût est délicieux. Il a un goût sucré.” N’y comprenant rien, la femme trempa son doigt dans le ragoût qui avait mijoté tout l’après-midi. Woksis avait raison: le ragoût était sucré. On venait de découvrir le sirop d’érable! ”
Une autre version dit…
Que des Indiens auraient observé un écureuil roux léchant au sol une traînée d’eau d’érable cristallisée échappée d’une entaille accidentelle d’un tronc. C’est le Frère Marie-Victorin (1885-1994) naturaliste et savant québécois, qui le rapporte. Il y a finalement autant de légendes amérindiennes sur l’origine du sirop d’érable qu’il y a de tribus. Une seule certitude : les Amérindiens ont très vite su exploiter les vertus de la sève de l’érable à sucre en mettant au point une technique de récolte toute simple. A l’approche du printemps, ils entaillaient les arbres de biais avec leur tomahawk et recueillaient le précieux liquide dans un mokuk, récipient d’écorce de bouleau qu’ils déposaient sur la neige au pied de l’arbre à l’aide d’un éclat de bois encastré dans l’entaille. Pour obtenir un sirop noir et épais, les Amérindiens faisaient bouillir la sève dans des chaudrons d’argile en la chauffant avec des pierres rougies au feu. Le procédé était très long.
Les Amérindiens ne se contentaient pas de soutirer de la sève de l’érable pour en faire un sirop, qu’ils considéraient d’ailleurs plus comme une boisson tonique qu’un édulcorant. Les Iroquois buvaient la sève fraîche et la transformaient à l’occasion en boisson fermentée aux propriétés intoxicantes. Ils broyaient également l’écorce de l’érable rouge et de l’érable argenté pour en faire une sorte de farine à pain. Les Micmac, eux, préparaient des boissons avec les rameux et l’écorce de l’érable à sucre. Les jeunes pousses étaient consommées au sortir de l’hiver et les samares mûres (le fruit de l’érable) étaient grillées à l’automne et conservées pour l’hiver. Rapidement, cette habitude de recueillir l’eau de l’érable à sucre fût adoptée par les colons. Au XVIIe siècle le sirop d’érable constituera une importante source de sucre pour les colonies.
Puis, progressivement, cette période de l’année devint aussi synonyme de fête, de retrouvailles après l’hiver, de convivialité et d’échange autour de la déjà fameuse cabane à sucre. Pourtant, pendant longtemps encore, le travail du sucrier allait rester pénible : il fallait courir d’érable en érable, les entailler un à un, y enfoncer le chalumeau pour recueillir l’eau ; puis la transporter jusqu’à la cabane à sucre où elle était transvasée dans de lourds chaudrons métalliques. Tout cela le plus souvent en raquette, dans la neige et par grand froid. Plus récemment, vers les années soixante-dix, ces va-et-vient incessants vont être remplacés par des tuyaux généralement de couleur bleue qui relient les arbres les uns aux autres, collectant toute l’érablière de cette façon, et amenant la récolte jusqu’aux cuves d’entreposage. Mais il s’agit là d’un matériel plus utilisé dans les érablières importantes, laissant la méthode traditionnelle aux érablières plus modestes, souvent familiales.