Le merveilleux temps des sucres …
L’érablière
La meilleure manière de se familiariser avec tous les produits de l’érable c’est encore de se retrouver dans une érablière et sa traditionnelle cabane à sucre. Avant d’atteindre cette cabane au Canada, laissez-vous promener en forêt encore enneigée, sous les premiers rayons d’un soleil encore blafard amenant le dégel (n’oubliez pas vos bottes !). Admirez la nature qui bientôt se réveillera, et contemplez l’oiseau du sucre qui n’est autre que le Bruant des neiges qui ne tardera plus à rejoindre le grand nord pour nicher. Hormis le chemin tracé depuis longtemps, vous commencerez à discerner la petite cabane tapie dans un vallon et protégée par des centaines d’érables, par la colonne de fumée s’échappant de la haute cheminée et par quelques effluves odorantes.
Au Québec, il existe au moins deux moments incontournables dans l’année : le temps des sucres lorsque les premiers rayons du soleil commencent timidement à réchauffer la terre et les forêts encore engourdies du long hiver, et l’été indien où ces mêmes forêts s’enflamment de teintes chaudes pour nous enchanter d’un spectacle unique. La sortie d’un hiver… et l’entrée dans le suivant !
Attendez encore un peu, même s’il fait froid, avant d’y entrer !
Attardez-vous un peu et prenez la peine de regarder s’écouler doucement cette eau de l’entaille : c’est à elle que l’on doit tant de douceurs. La fonction première de la cabane à sucre était d’abriter le matériel de transformation dont surtout l’évaporateur. Aujourd’hui la cabane à sucre est devenue aussi (et parfois surtout) un merveilleux endroit d’échange entre les hommes.
En regardant mijoter les traditionnelles fèves au lard sur le poêle à bois, qui seront bientôt servies avec les fameuses oreilles de christ (lambeaux de lard grillé) ou des oeufs cuits au sirop et des crêpes; vous referez le monde avec vos proches, parfois dans de grands éclats de rire qui viendront perturber un court instant le silence profond de la forêt environnante. Ou tout simplement, vous resterez silencieux avec un bon bouquin en mains. Mais le moment tant attendu sera vite arrivé! L’acériculteur, maître des lieux, étend sur un lit de neige immaculée une traîne de sirop d’érable tout frais. Muni d’un petit bâtonnet de bois, vous enroulerez alors le délicieux sirop qui commence à se solidifier dans le neige fraîche avant de le glisser en bouche et de le déguster comme une glace ou un caramel fondant. C’est à chaque fois un authentique instant de bonheur.
Justement, du bonheur, parlons-en ! Bien au chaud, sirotant un caribou (trois doses de vin rouge pour une d’alcool, le tout parfumé d’épices) ou un thé brûlant dans cet espace restreint emplie d’une pâle fumée parfumée au sucre et au bois chaud, cerné par le silence et l’immensité de la nature, vous n’aurez qu’un souhait : rester. Et effectivement, le plus difficile c’est de quitter cet endroit magique… jusqu’à l’année prochaine !