Iles-de-la-Madeleine
Les Iles de la madeleine, petit archipel du golf du saint Laurent en forme d’hameçon, sont une invitation au voyage avec leurs longues plages de sable et les belles côtes escarpées…
Hameçon bien appâté
Si les atours terrestres des îles de la Madeleine savent de nos jours si bien prendre en charge le vague à l’âme de leurs villégiateurs, il demeure que ce sont les richesses marines de leur environnement qui auront attiré les premiers curieux en leur sein. “Menagoesenog”, indiquent les chasseurs de vaches et de loups marins (morses et phoques) de la nation amérindienne Micmac : “îles balayées par la vague”.
Sauront tirer profit (hélas! pour d’autres) de cette ressource apparemment abondante les premiers colons de la région.
Ces Acadiens de souche élisant domicile sous l’égide de leurs propriétaires anglais à l’occasion d’annexions temporaires (à Terre-Neuve puis au Bas-Canada) ou de mouvances forcées, dont le Grand Dérangement acadien de 1755.
Qu’ils soient originaires de l’île Saint-Jean (aujourd’hui île du Prince-Edouard), de la côte maritime du Bas-Canada ou du refuge français de Saint-Pierre-et-Miquelon, les “Magdalen Islanders” devront obéir aux diktats de marchands souvent autocrates et rester impuissants devant les rafles sans vergogne de pêcheurs américains flairant au passage la bonne affaire.
En résultante de ce contexte un peu brouillon, on est en mesure de constater un premier impact documenté de la présence humaine sur l’archipel en forme – toute prédestinée – d’hameçon : les Îles sont balayées de leur population de morses à la fin du XVIIIe siècle. Non, les problèmes de surexploitation de la ressource ne datent pas d’hier.
Une pêche miraculeuse ?
“Le problème ici ou ailleurs, ne vient pas des petits pêcheurs côtiers locaux, mais plutôt des pêches industrielles. Dès 1950, les techniques hauturières outrepassent la disponibilité des bancs [de morues], ce qui fait qu’aujourd’hui la situation n’est pas très encourageante pour la nouvelle génération.
” Le curé Frédéric Landry, fondateur du musée de la Mer au Havre-Aubert et historien fraîchement informatisé (à l’âge de 72 ans !), fouille son disque dur à la recherche d’archives illustrant les différentes pêches à la base de l’économie patrimoniale. “Homard, hareng, sébaste, plie… quelle que soit l’espèce elles subissent toutes des fluctuations. On croit que les ressources de la mer sont illimitées, à tort.”
Savoureuses un jour, savoureuses toujours
Au sens figuré, “ce qui donne du piquant, de l’intérêt”, indique le dictionnaire. Du piquant et de l’intérêt, à l’évidence les îles de la Madeleine n’en manquent pas, pas plus que de l’ingrédient auquel cette définition fait référence, la substance clé à laquelle nous devons l’existence même de ce précieux collier de perles.
Il y aurait deux façons de découvrir la mystérieuse identité de cette substance : trouver un ouvrage portant sur la géomorphologie de la région et qui traiterait, entre autres choses, de mers asséchées, de dépôts continentaux, de volcans anciens et de densité variable des corps géologiques… ou demander une permission spéciale et se rendre à l’extrémité ouest de Grosse-Île, coiffer un casque et enfiler bottes et salopettes, pour quitter l’air libre via ascenseur et sas et goûter sur les lèvres la poussière raffinée qui flotte (à 345 mètres de profondeur) dans les entrailles du golfe du Saint-Laurent.
Le sel… “C’est ce sel qui est répandu sur les routes du Québec en hiver. On n’est pas près d’épuiser cette ressource, car les dômes salins qui ont fait surgir les îles à la surface font plus de 5 kilomètres de hauteur”, explique Jean Lafrance, géologue à l’emploi des mines Seleine et conduisant sa jeep au travers du dédale “spielbergien” de galeries souterraines.
Serait-ce donc cet assaisonnement minéral qui, par la force des choses, donnerait à notre archipel cette saveur irrésistible et attribuerait à ses charmants habitants ce piquant et cet intérêt indéniable ?
Lorsqu’on l’interroge sur le pourquoi d’un stage aux mines Seleine plutôt qu’ailleurs, l’apprentie géologue montréalaise Geneviève Lefèvre nous sert les mots qui répondent, de manière évidente, à toutes nos questions: “Parce que c’est les Îles!”